Eloge de l’homo rugbysticus.

J'aurais bien aimé que quelqu'un me donne son opinion car ce fut un très bon match, très bon...

Ceux de Castres pouraient ne pas être d'accord, mais nous les bayonnais, nous avons été très heureux.

Comme le match Bayonne – Viadana, et aussi le tournoi de Rugby à VII m’en donnent l’occasion, je vais revenir et développer une idée sur le rugby et l’intelligence.

Au commence ment du rugby, dit-on, un jeune homme qui jouait au football en a eu assez de ne pas se servir de ses mains et a pris le ballon pour le mettre derrière la ligne adverse…
Ainsi serait né notre sport. Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-on sur que ce soit ainsi que c’est arrivé ? Une seule chose est sure c’est que depuis plus d’un siècle et demi, on joue à ce jeu magique, avec 14, 12 ou 6 copains…
La liberté et le pragmatisme étant des vertus éminemment britanniques, elles ont été inculquées dès l’origine dans ce sport, qui n’était qu’un jeu à l’origine.
Et qu’est-ce qu’un jeu ? Le mot vient du latin « jocus » qui signifie aussi bien badinage que plaisanterie, mais c’est un mot relativement récent, fin de l’époque gallo-romaine, et peu utilisé dans le latin classique, le Robert nous dit que dans un premier temps, il s’agit d’une « activité physique ou mentale purement gratuite qui n’a, dans la conscience de celui qui s’y livre d’autre but que le plaisir qu’elle procure », mais dans un second temps, « cette activité organisée par un système de règles définissant un succès et un échec, un gain et une perte »… Larousse ajoute qu’y « interviennent les qualités physiques ou intellectuelles, l’adresse, l’habileté ou le hasard »… On parle de « jeu de guerre », kriegspiel.

Pour un britannique du milieu du XIX^ème siècle, comme pour un français de la fin du même siècle, il y a une notion qui est liée immédiatement au sport, et particulièrement au sport de compétition, c’est la rivalité, voire la guerre. Aujourd’hui, sommes-nous loin de cela ? Si nous avons un tant soit peu suivi les jeux olympiques de Pékin, nous aurions dû nous le remarquer. En effet, les chinois étaient en « guerre » contre les américains, et la suprématie d’une nation sur une autre est un acte de guerre… La sioule de nos aïeux était déjà un combat entre villages pour la suprématie et il nous est difficile à nous franchouillards en charentaise, en sandale, dans le confort de notre salon devant notre télé d’en avoir conscience, mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Le rugby est comme je le disais il y a quelques mois à propos du « combat des trente », une sorte de tournoi, jeu aussi…, qui oppose deux équipes représentant un drapeau, une ville, plus qu’un club.

Aujourd’hui on joue au rugby comme on faisait la guerre à Azincourt (1415) ou à Bouvines (1214), voire à Verdun ou sur la Somme (1916)… lourdement équipé, avec de grosses cavaleries et une artillerie puissante et massive… Et à ce « jeu », les équipes qui ont surtout une cavalerie légère, d’évitement, et une infanterie lourde seulement ne peuvent pas résister à celles qui sont dotées de tout ce qui arase, laboure ou détruit. Mais cependant, des armées (euh ! équipes…) moins bien équipées, ont pis en déroute de bien plus puissantes qu’elles (Lendl mis en déroute à Roland Garros par un Michael Chang dépassé mais malin…, et une équipe de France de 1979, certes un 14 juillet à Auckland… ou un Montauban face au champion d’Europe sortant, à 2 doigts… ).

Comment on va s’en sortir ? Comment David peut-il battre Goliath ? D’abord il y a la confiance en soi, et l’intelligence. Dans une équipe, acquérir de la confiance est primordial. C’est une partie du rôle de l’encadrement, de celui du public aussi, mais d’une manière moindre. L’encadrement donc… celui-ci ne participe pas au match, et ne doit pas s’y impliquer, enfin normalement, mais il doit s’efforcer de surmotiver les acteurs, et de leur donner les moyens de dépasser une sorte de handicap que pourraient ressentir les joueurs devant la difficulté et la perspective de la confrontation. Que je sache, si les troupes qui vont affronter l’ennemi ne se sentent pas « meilleures » que leur adversaire, ce n’est pas la peine qu’elles montent en ligne. Les espagnols de 1808, n’étaient ni des militaires aguerris, ni encadrés par des officiers ayant fait des études très poussées dans la tactique ou la stratégie, mais ils ont forcé la meilleure armée du monde occidental à quitter leur patrie… Le moral et la confiance étaient leurs armes psychologiques les plus fortes… Et les bleus de l’époque n’ont fait que défendre, freiner l’effort des ibères et de leurs alliés... jusqu’à Bayonne.

Mais là, en sport, et singulièrement en rugby où il y a confrontation et combat, il y a une notion de force. On ne peut plus se contenter de perdre avec les honneurs, « good game ! » nous disait papa Carling, et ce qu’a sûrement dit Thomas Lièvremont l’autre jour. Jouer pour ne pas perdre n’est pas jouer. On doit tout faire, tout mettre en œuvre pour gagner et quand on n’a pas les moyens techniques ou physiques, on fait usage d’un muscle qui semble avoir disparu de la panoplie du joueur sur le terrain, le cerveau. Certes, il ne faut pas passer des heures à réfléchir, le temps fait partie du match. Ce qui est acquis à l’entraînement doit servir, et doit être utilisé, mais il suffit parfois de lever la tête, le placement de l’adversaire, ses réactions, analyser rapidement les phases précédentes, utiliser le jeu sans ballon, la communication… faire preuve d’intelligence. Ah ! Certains clubs ont de la chance d’avoir un maître de jeu, et ils s’en sortent très bien, même quand ils sont en difficulté. D’autres se contentent de consignes venues de l’extérieur du terrain. L’agilité et la musculature ne suffisent pas tout le temps, mais une bonne jugeote, toujours. Dommage que beaucoup de joueurs deviennent dès la fin de leur carrière des directeurs de jeu, ils ne sont plus sur le terrain et rêve d’y être toujours… Or, c’est ce qu’on voit au VII… Beaucoup de clubs français ne pourront s’en sortir que si les entraîneurs acceptent et stimulent une capacité d’initiative et d’improvisation. Certes, il y a de la confrontation et du combat physique, mais il ne sert à rien pour gagner, il faut avoir des yeux, un esprit malin et de la vitesse.

Curieusement, dimanche, la meilleure équipe du tournoi, celle qui est devenue championne de France, Agen, était venue avec comme encadrement, rien de moins que le manager général du SUA, Henri Broncan, le sorcier… Les autres non. Pour la petite histoire, les agenais ont explosé les toulousains de Swanepoel, Dutoit et consort par 6 essais à 0. Mais leur équipe était très équilibrée et les gars se sont véritablement régalés, comme les spectateurs… Je ne peux pas dire que le rugby doit être toujours léger comme le VII, mais il y a à regarder comment notre équipe s’est comportée (elle finit 3^ème me semble-t-il) face à Clermont. Intelligence et malice, vitesse et solidité, telles sont les qualités mises en œuvre par Matthieu Acebes, avec le jeune Fabre et Mickael Lopez en première mi-temps… Plaisant ce tournoi. Mais je ne dis pas que le rugby à VII soit la panacée, le remède miracle qui transporte d’allégresse tout un public de 100 000 personnes… Alors que les matchs de XV depuis belle lurette ne font pas se lever beaucoup de monde dans les tribunes (à raison de moins d’un essai par match…), sinon pour l’anxiété du résultat, la seule tension est nerveuse, cardiaque, angoisse et tristesse.

Cependant, l’autre mot qui vient du mot « jocus », c’est la JOIE… Où y a-t-il de la joie dans le rugby moderne des « packs de destruction massive », des confrontations des « masses bodybuildées », des labourages et des désherbants absurdes. Mais il y a certainement dans nos équipes de quoi donner du plaisir, aussi bien aux grincheux perdus dans leur passé inimaginable, qu’aux naïfs attendris qui attendent toujours l’essai à mille passes, aux relances éternelles, aux perforateurs de coffres-forts avec le soutien d’un groupe de copains disponibles, prêts à rendre service, déblayer, s’engouffrer dans une brèche… Et puis, ce qui me semble important, c’est que les joueurs ont aussi le droit de s’amuser sur le terrain… ce n’est qu’un jeu, même si les joueurs sont des professionnels (les clowns aussi…), ils doivent montrer au public qu’ils peuvent prendre du plaisir à jouer, et ne pas subir et l’adversaire, et la critique et les colères d’un encadrement pour lequel rien ne sera jamais parfait. Les joueurs qui ne sont pas heureux sur un terrain sont de tristes joueurs et les clowns tristes font pleurer. Lâchez-vous donc !

Autrefois, le rugby était plus libre et plus jubilatoire parce que les joueurs étaient souvent des étudiants et de joyeux drilles qui ne voulaient pas s’ennuyer le dimanche… Aujourd’hui, ce sont des professionnels – et leur costume officiel pour les réceptions est souvent sombre, voire noir carrément, comme celui des traders ou des figues de mode au visage gris – qui prennent leur boulot au sérieux, mais il devrait être obligatoire pour l’encadrement de les libérer du carcan de la sinistrose. Ils sont bien payés – en tous cas plus que les ouvriers peintres qui sifflent en travaillant – ils sont donc libérés de contingences matérielles, et ils donnent un spectacle mais ne s’amusent pas. N’avez-vous jamais remarqué que les équipes qui entrent sur le pré avec le sourire sont souvent celles qui vont gagner. D’autres donnent l’impression d’entrer dans un camp d’internement.

Libérez votre rugby ! Et prenez du plaisir enfin !

Whaou !!!
Je vais imprimer ta prose pour la lire tranquillement, ensuite, je vais essayer d'apporter ma contribution à ton post...

fan de alegria a écrit:

.... je vais revenir et développer une idée sur le rugby et l’intelligence.

.....

... ce qui me semble important, c’est que les joueurs ont aussi le droit de s’amuser sur le terrain… ce n’est qu’un jeu, même si les joueurs sont des professionnels (les clowns aussi…), ils doivent montrer au public qu’ils peuvent prendre du plaisir à jouer, et ne pas subir et l’adversaire, et la critique et les colères d’un encadrement pour lequel rien ne sera jamais parfait. Les joueurs qui ne sont pas heureux sur un terrain sont de tristes joueurs et les clowns tristes font pleurer. Lâchez-vous donc !

Autrefois, le rugby était plus libre et plus jubilatoire parce que les joueurs étaient souvent des étudiants et de joyeux drilles qui ne voulaient pas s’ennuyer le dimanche… Aujourd’hui, ce sont des professionnels – et leur costume officiel pour les réceptions est souvent sombre, voire noir carrément, comme celui des traders ou des figues de mode au visage gris – qui prennent leur boulot au sérieux, mais il devrait être obligatoire pour l’encadrement de les libérer du carcan de la sinistrose. Ils sont bien payés – en tous cas plus que les ouvriers peintres qui sifflent en travaillant – ils sont donc libérés de contingences matérielles, et ils donnent un spectacle mais ne s’amusent pas. N’avez-vous jamais remarqué que les équipes qui entrent sur le pré avec le sourire sont souvent celles qui vont gagner. D’autres donnent l’impression d’entrer dans un camp d’internement.

Libérez votre rugby ! Et prenez du plaisir enfin !

Merci, Fan, d'exprimer, mieux que je ne le peux moi meme, l'amour du "jeu" que nous avons fait notre...

J'ai mis en exergue ce que tu dis sur l'aspect jubilatoire du rugby. Mais je n'oublie pas que tu parles aussi d'intelligence, de pragmatisme, d'intuition sur le terrain... Et je suis d'accord avec toi sur cela aussi...

Merci Expat...

Sublime ce que tu as écrit Fan!

Beaucoup de choses sur ce que tu as écrit m'ont interpellé.

La joie! La joie!

Mais, faut-il entrer la fleur au fusil, pour reprendre tes propos? Faut-il dire "Tirez les premiers Messieurs les Anglais?".

La joie vient pendant le match, et après. Mais pas en entrant sur le terrain. Ceux qui entrent sur le terrain avec le sourire font certainement acte d'imprudence, et de non respect du combat qu'ils vont devoir endurer.

Ce n'est pas à vous, à votre culture que je vais apprendre celà. Mais le Torero, même dans son habit de lumière, qui est certain de sa force, respecte la "bête" et le combat qu'il va livrer. Sa récompense sera pendant le combat, puis viendra peut-être la récompense suprême des oreilles et de la queue....

Avant la splendeur des Véroniques.... il faudra passer d'abord par les picadors...

Il faut y rentrer dans l'arene, et ne pas galvauder toutes les phases, celles du combat, notament. Et là , je n'ai jamais vu un avant... qui entrait avec le sourire...

On ne retient que la volte, la passe croisée ou le débordement. Mais, le plus beau des combats.. honore le taureau.. et l'adversaire, avant de proclamer l'homme en habit de lumière.

Je fais en même temps un clin d'oeil pour parler de nos richesses culturelles. Ce qui fait de nous, notre terroir, notre différence culturelle. Ce que ... entre autre, l'Europe, l'Europe du rugby essaie de tuer par ses nouveaux règlements.

Je dirais... gardons "notre French Flair" nos exceptions culturelles!

Elles sont la force de notre rugby.

ABACUS83 a écrit:

Sublime ce que tu as écrit Fan!

Beaucoup de choses sur ce que tu as écrit m'ont interpellé.

La joie! La joie!

Mais, faut-il entrer la fleur au fusil, pour reprendre tes propos? Faut-il dire "Tirez les premiers Messieurs les Anglais?".

La joie vient pendant le match, et après. Mais pas en entrant sur le terrain. Ceux qui entrent sur le terrain avec le sourire font certainement acte d'imprudence, et de non respect du combat qu'ils vont devoir endurer.

Ce n'est pas à vous, à votre culture que je vais apprendre celà. Mais le Torero, même dans son habit de lumière, qui est certain de sa force, respecte la "bête" et le combat qu'il va livrer. Sa récompense sera pendant le combat, puis viendra peut-être la récompense suprême des oreilles et de la queue....

Avant la splendeur des Véroniques.... il faudra passer d'abord par les picadors...

Il faut y rentrer dans l'arene, et ne pas galvauder toutes les phases, celles du combat, notament. Et là , je n'ai jamais vu un avant... qui entrait avec le sourire...

On ne retient que la volte, la passe croisée ou le débordement. Mais, le plus beau des combats.. honore le taureau.. et l'adversaire, avant de proclamer l'homme en habit de lumière.

Je fais en même temps un clin d'oeil pour parler de nos richesses culturelles. Ce qui fait de nous, notre terroir, notre différence culturelle. Ce que ... entre autre, l'Europe, l'Europe du rugby essaie de tuer par ses nouveaux règlements.

Je dirais... gardons "notre French Flair" nos exceptions culturelles!

Elles sont la force de notre rugby.

Salut, l'ami Abacus...

Je suis tellement d'accord avec ce que j'ai mis en bleu dans ton texte... Pour moi, le rugby Francais (que j'ai appris chez vous) est unique justement pas son esprit jubilatoire, par sa fantaisie, son inventivite (je crois bien que je viens de creer un neologisme pour dire "propension a l'invention collective immediate"). C'est le reflet de toute une culture qui accepte la sensualite liberatrice... Tout le contraire du puritanisme Anglo-Saxon qui debouche sur des formats inflexibles de comportement sur le terrain ou dans la vie de tout les jours...

Mais je releve aussi, a tort peut etre, une contradiction interne dans ton texte. Le serieux et la concentration de ceux qui entre sur le terrain peut elle conduire a la liberation que reclame notre ami Fan?

Bien sur que je ne suggere pas que les joueurs entrent hilares sur le terrain. D'ailleurs, je ne pense pas que cela soit possible... J'ai joue pendant plus de 35 ans et j'avais toujours l'estomac serre au moment d'entrer sur le terrain... Ceci parce qu'on se remet en cause a chaque match. En meme temps, on peut avoir le sentiment que c'est le moment ou l'on va jouer, ou l'oin va se mesurer, non pas a l'autre, mais a soi-meme...

Fan evoque la joie de celui qui joue pour le jeu, un acte gratuit qui est sa propre recompense.
Entrer sur le terrain, le sourire aux levres ou la joie au coeur, c'est de cela que parle Fan, a mon sens.
On n'a pas besoin de voir le sourire. On peut sentir le desir, l'emotion qui transporte, l'attente du combat "fraternel."

Quel magnifique sujet...

Je ne voudrais pas contrister Abacus83 mais je voudrais apporter une précision. Lorsque je parle de "joie" ou de "sourire" ce n'est pas que je cautionne en aucune manière l'attitude arrogante ou "jem'enfoutiste" que pourrait sous-entendre mon propos, mais plutôt que les "joueurs" - ce qui vont JOUER - donnent au public le sentiment qu'ils vont aussi PRENDRE DU PLAISIR à faire un sport devant des personnes qui sont venues comme à un spectacle. Souvent, les garçons qui entrent sur le terrain ont une concentration telle qu'ils perdent le sens de terrain de jeu - voire de terrain de combat - au lieu de quoi ils donnent l'impression de se rendre à l'usine.

Ce que je voulais dire - mais je ne veux pas gacher le plaisir de quiconque -c'est que ces gars-là qui ont comme métier d'apporter du plaisir aux gens sont COMME des saltimbanques et non COMME des fonctionnaires de la balle ovale.

La joie - joye en vieux français - était le terme qui définissait le rôle et la mission des troubadours (relire vos cours de littérature, p. 234 à 310 sur le Lagarde et Michard ). Ces artistes donnaient du plaisir dans les chateaux et villages d'OCCITANIE entre le XIème et le XIVème siècle... Et que sont donc nos rugbymen sinon des hommes costauds qui donnent du plaisir dans nos stades et nos villages de la grande Occitanie... Et oui, en France, le territoire du rugbyland est quasiment celui de la langue d'Oc... Où la "JOYE" est la base de la culture... (dans les pays celtes et saxons il en est de même ce sont les territoires de légendes du Roi Arthur, entre autres... Michael pardonne-moi, mais j'y inclus aussi le territoire des Scots...).

Bon, ma page de culture G (coef 0,5) se termine ici...

Si le rugby est un jeu... Si le sport en général est un jeu, alors il faut être heureux et le montrer.

Pour conclure mon laïus : Lorsque des militaires vont au combat - je sais un peu de quoi je parle - et qu'ils tirent la gueule, ils leur faut puiser beaucoup d'énergie en eux-mêmes, et leurs cadres doivent y faire attention, pour pouvoir accomplir leur mission. Lorsqu'on part au combat avec le seul souci de faire bien ce qu'on a préparé avec beaucoup de soin pendant un long moment, lorsqu'on "laisse au bivouac tous ses soucis", le fardeau est léger à porter, la mission est accomplie avec sérénité, et on peut être joyeux de faire le boulot...

Alors c'est ce que je voulais dire pour les joueurs qui entrent sur le terrain avec le sourire. J'en connais un qui m'a dit l'an dernier alors que je lui souhaitais une Bonne Année... "Moi je fais vraiment ce que j'aime, alors l'année me sera bonne". Et ce joueur montre vraiment qu'il aime son métier, qu'il a la chance de pratiquer dans le club qui lui plait... Et le public qui le lui rend bien souvent.

fan de alegria a écrit:

Je ne voudrais pas contrister Abacus83 mais je voudrais apporter une précision. Lorsque je parle de "joie" ou de "sourire" ce n'est pas que je cautionne en aucune manière l'attitude arrogante ou "jem'enfoutiste" que pourrait sous-entendre mon propos, mais plutôt que les "joueurs" - ce qui vont JOUER - donnent au public le sentiment qu'ils vont aussi PRENDRE DU PLAISIR à faire un sport devant des personnes qui sont venues comme à un spectacle. Souvent, les garçons qui entrent sur le terrain ont une concentration telle qu'ils perdent le sens de terrain de jeu - voire de terrain de combat - au lieu de quoi ils donnent l'impression de se rendre à l'usine.

Ce que je voulais dire - mais je ne veux pas gacher le plaisir de quiconque -c'est que ces gars-là qui ont comme métier d'apporter du plaisir aux gens sont COMME des saltimbanques et non COMME des fonctionnaires de la balle ovale.

La joie - joye en vieux français - était le terme qui définissait le rôle et la mission des troubadours (relire vos cours de littérature, p. 234 à 310 sur le Lagarde et Michard ). Ces artistes donnaient du plaisir dans les chateaux et villages d'OCCITANIE entre le XIème et le XIVème siècle... Et que sont donc nos rugbymen sinon des hommes costauds qui donnent du plaisir dans nos stades et nos villages de la grande Occitanie... Et oui, en France, le territoire du rugbyland est quasiment celui de la langue d'Oc... Où la "JOYE" est la base de la culture... (dans les pays celtes et saxons il en est de même ce sont les territoires de légendes du Roi Arthur, entre autres... Michael pardonne-moi, mais j'y inclus aussi le territoire des Scots...).

Bon, ma page de culture G (coef 0,5) se termine ici...

Si le rugby est un jeu... Si le sport en général est un jeu, alors il faut être heureux et le montrer.

Pour conclure mon laïus : Lorsque des militaires vont au combat - je sais un peu de quoi je parle - et qu'ils tirent la gueule, ils leur faut puiser beaucoup d'énergie en eux-mêmes, et leurs cadres doivent y faire attention, pour pouvoir accomplir leur mission. Lorsqu'on part au combat avec le seul souci de faire bien ce qu'on a préparé avec beaucoup de soin pendant un long moment, lorsqu'on "laisse au bivouac tous ses soucis", le fardeau est léger à porter, la mission est accomplie avec sérénité, et on peut être joyeux de faire le boulot...

Alors c'est ce que je voulais dire pour les joueurs qui entrent sur le terrain avec le sourire. J'en connais un qui m'a dit l'an dernier alors que je lui souhaitais une Bonne Année... "Moi je fais vraiment ce que j'aime, alors l'année me sera bonne". Et ce joueur montre vraiment qu'il aime son métier, qu'il a la chance de pratiquer dans le club qui lui plait... Et le public qui le lui rend bien souvent.

Lagarde et Michard...
Les bancs du lycee...
L'Occitanie... La "lenga Occitana" et sa musique, sa poesie, sa joie de vivre, son humanite...
"Se canta..."
Les saltimbanques...
L'ami Pottoka...

Que d'emotions...
Que du bonheur...

Merci Fan...

fan de alegria a écrit:

Je ne voudrais pas contrister Abacus83 mais je voudrais apporter une précision. Lorsque je parle de "joie" ou de "sourire" ce n'est pas que je cautionne en aucune manière l'attitude arrogante ou "jem'enfoutiste" que pourrait sous-entendre mon propos, mais plutôt que les "joueurs" - ce qui vont JOUER - donnent au public le sentiment qu'ils vont aussi PRENDRE DU PLAISIR à faire un sport devant des personnes qui sont venues comme à un spectacle. Souvent, les garçons qui entrent sur le terrain ont une concentration telle qu'ils perdent le sens de terrain de jeu - voire de terrain de combat - au lieu de quoi ils donnent l'impression de se rendre à l'usine.

Ce que je voulais dire - mais je ne veux pas gacher le plaisir de quiconque -c'est que ces gars-là qui ont comme métier d'apporter du plaisir aux gens sont COMME des saltimbanques et non COMME des fonctionnaires de la balle ovale.

La joie - joye en vieux français - était le terme qui définissait le rôle et la mission des troubadours (relire vos cours de littérature, p. 234 à 310 sur le Lagarde et Michard ). Ces artistes donnaient du plaisir dans les chateaux et villages d'OCCITANIE entre le XIème et le XIVème siècle... Et que sont donc nos rugbymen sinon des hommes costauds qui donnent du plaisir dans nos stades et nos villages de la grande Occitanie... Et oui, en France, le territoire du rugbyland est quasiment celui de la langue d'Oc... Où la "JOYE" est la base de la culture... (dans les pays celtes et saxons il en est de même ce sont les territoires de légendes du Roi Arthur, entre autres... Michael pardonne-moi, mais j'y inclus aussi le territoire des Scots...).

Bon, ma page de culture G (coef 0,5) se termine ici...

Si le rugby est un jeu... Si le sport en général est un jeu, alors il faut être heureux et le montrer.

Pour conclure mon laïus : Lorsque des militaires vont au combat - je sais un peu de quoi je parle - et qu'ils tirent la gueule, ils leur faut puiser beaucoup d'énergie en eux-mêmes, et leurs cadres doivent y faire attention, pour pouvoir accomplir leur mission. Lorsqu'on part au combat avec le seul souci de faire bien ce qu'on a préparé avec beaucoup de soin pendant un long moment, lorsqu'on "laisse au bivouac tous ses soucis", le fardeau est léger à porter, la mission est accomplie avec sérénité, et on peut être joyeux de faire le boulot...

Alors c'est ce que je voulais dire pour les joueurs qui entrent sur le terrain avec le sourire. J'en connais un qui m'a dit l'an dernier alors que je lui souhaitais une Bonne Année... "Moi je fais vraiment ce que j'aime, alors l'année me sera bonne". Et ce joueur montre vraiment qu'il aime son métier, qu'il a la chance de pratiquer dans le club qui lui plait... Et le public qui le lui rend bien souvent.

Tu ne me "contristes" pas cher Fan. Bien au contraire, car, bien évidemment, je suis d'accord avec tout ce que tu dis.

Je voulais rebondir sur un autre sentiment qui est la peur et l'angoisse de rentrer au combat. La peur de rentrer dans l'arène, dans ces nouveaux jeux du stade, où s'affrontent nos gladiateurs modernes.

Le public n'a pas beaucoup changé, depuis la Rome Antique. Panem circenses. L'envie de voir du sang, de la sueur, de l'affrontement, de l'évitement.... Il existe même une certaine "joie" ou une frénésie de cette violence véhiculée dans le stade.

Pour le joueur, je pense que la joie nait de la peur ou du trac. Tout au moins, une fois qu'il s'est libéré, il peut enfin s'exprimer.

Le discours des entraineurs n'est d'ailleurs pas innovant, c'est toujours le même, et il est tellement vrai:

"Libérez-vous! Soyez inventifs! Prenez du plaisir".

Pour faire un clin d'oeil aux troubadours que tu cites, je dirais qu'aujourd'hui il nous faut des grosses caisses... pour que les divas s'expriment.

Tout est souvent trop "orchestré", mais si l'harmonie y est... et qu'on en évite les couacs, l'équipe peut réciter la plus belle des partitions.

Ô combien tu as raison... A comme les choses devenant plus sérieuses, l'argent, toujours l'argent, les sponsors, l'image... le plaisir passe après tout un tas de considérations.