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O'Sullivan se rend à l'évidence

20/03/2008 - 15:17
Par SYLVAIN LABBE
De Sports.fr

A l'issue d'un Tournoi des Six Nations que le XV du Trèfle a terminé à la 4e place, soit son plus mauvais classement depuis 1999, Eddie O'Sullivan a enfin pris ses responsabilités et présenté mercredi sa démission, sept ans après sa nomination à la tête de la sélection irlandaise. Un départ par la petite porte pour celui qui, aux commandes de la meilleure génération irlandaise de l'histoire, ne sera pas parvenu à inscrire une seule ligne supplémentaire au palmarès des hommes en vert. Une nouvelle ère s'ouvre...


Eddie O'Sullivan laisse derrière un bilan très décevant. (Reuters)

Sa position était devenue intenable. Eddie O'Sullivan, après avoir nié la réalité, n'a pu que se résoudre à jeter l'éponge: il n'est plus l'inamovible sélectionneur de l'équipe d'Irlande, le technicien à la plus grande longévité puisqu'il était en poste depuis 2001. Le Tournoi des Six Nations 2008 devait être sa planche de salut, il a bien au contraire enterré définitivement ses espoirs de rachat après une Coupe du monde en France aux allures de fiasco, le XV du Trèfle, pourtant annoncé parmi les favoris, n'étant même pas parvenu à s'extirper du premier tour. Cette dernière campagne hivernale, à l'image d'une dernière sortie calamiteuse à Twickenham, conclue sur un lourd revers (33-10), le troisième en cinq matches et le premier face à l'Angleterre depuis 2003, laisse l'Irlande dans un triste état, reléguée au quatrième rang européen.

La décision d'O'Sullivan, si elle est survenue mercredi, en fin de soirée, n'aura surpris personne tant le personnage concentrait, plus que jamais ces dernières heures, sur son nom une avalanche de critiques et de propos acerbes, expression de dépit d'une nation ulcérée d'assister impuissante à la chute d'une génération dorée. Car c'est bien de cela dont il s'agit concernant le presque septennat d'O'Sullivan, qui n'aura pas apporté un seul trophée supplémentaire dans la vitrine de la Fédération irlandaise (Irfu). Son bilan brut, s'il se veut fort de 50 victoires en 78 matches, se résume en tout et pour tout à deux Triples couronnes dans le Tournoi (*). Maigre quand on sait qu'à son arrivée à la tête de la sélection, O'Sullivan, qui succède alors à un certain Warren Gatland qui, ironie de l'histoire, triomphe aujourd'hui avec le Pays de Galles, l'Irfu lui assigne comme objectifs une victoire dans le Tournoi, celle-là même qui échappe aux Verts depuis 1985, et pourquoi pas un deuxième Grand Chelem plus réalisé depuis 1948.

Un conservatisme fatal...

Tout l'échec d'O'Sullivan réside dans cette incapacité qui aura été la sienne à exploiter l'outil exceptionnel qui est mis à sa disposition à l'époque. Car cette équipe d'Irlande avait tout pour elle, entre des structures que Gatland avait contribué à perfectionner, et une génération unique. Les Ronan O'Gara, Peter Stringer, Brian O'Driscoll, Gordon D'Arcy, Shane Horgan, Dennis Hickie, Geordan Murphy, Paul O'Connell faisaient naître alors les espoirs les plus fous du côté de Dublin. Des espoirs aujourd'hui déçus, l'Irlande ayant dû ces dernières années se contenter d'accessits là où elle rêvait de consécration. Une collection de places d'honneur dans le Tournoi (3e en 2002, 2e en 2003, 2e en 2004, 3e en 2005, 2e en 2006, 2e en 2007 et donc 4e en 2008), le tout entrecoupé par deux Coupe du monde contrastées (quart de finale en 2003 et donc élimination dès le premier tour en 2007): le constat d'échec est patent.

Au fil des occasions manquées, à l'image de ses quatre Grands Chelems touchés du doigt en 2003, 2004, 2006 et 2007, O'Sullivan, qui, il y a un an, faisait encore figure de référence, au point de voir son contrat être prolongé jusqu'en 2011 (!) et d'être pressenti pour diriger les Lions Britanniques en 2009, se sera enfermé dans un système conservateur. L'absence de remise en cause de ses cadres, installés dans un certain confort, lui aura été fatale. Pourtant, samedi encore, quelques minutes après la défaite concédée à Twickenham, il faisait bonne figure : "Je crois être l'homme idoine pour ce poste. (...) Si je ne me pensais pas capable de donner 100 %, je serais le premier à l'admettre." Devancé par ses adjoints démissionnaires mardi, il a fini par reconnaître l'évidence.

Sa succession est déjà ouverte. Et alors que circulent les noms du Sud-Africain Jake White, du vainqueur du Grand Chelem avec les Gallois, Mike Ruddock, des Australiens Alan Gaffney (Saracens) et Pat Howard (ancien entraîneur de Leicester), ou du Néo-Zélandais Wayne Smith, ancien coach des All-Blacks de 1999 à 2001, c'est bien l'Irlandais Declan Kidney, ancien adjoint d'O'Sullivan, qui mena le Munster au titre européen en 2006, qui fait figure de favori.

Test-matchs - 07/05/2008

Kidney, le boss irlandais

L'entraîneur du Munster, Declan Kidney, vient d'être nommé sélectionneur de l'Irlande mais il ne prendra ses fonctions qu'après la tournée d'été.
Depuis la démission d'Eddie O'Sullivan le 20 mars dernier, Declan Kidney, 48 ans, était le grand favori pour reprendre les rênes de la sélection irlandaise, même si la rumeur de l'arrivée du champion du monde Jack White a ménagé le suspens. Mais la nomination de l'actuel entraîneur de la province du Munster semblait comme une évidence et le seul souci de la fédération irlandaise était de l'annoncer au bon moment. La qualification du Munster pour la finale de H Cup étant acquise, l'IRFU et Kidney ont pu se mettre d'accord sur le planning. Le nouveau sélectionneur ne prendra ses fonctions qu'après la tournée d'été (Barbarians, Nouvelle-Zélande, Australie) qui se terminera le 14 juin. L'intérim sera assuré par l'entraîneur du Connacht Michael Bradley.
Une nomination comme une évidence car Declan Kidney a su redorer l'image du rugby irlandais sur la scène européenne grâce à ses performances avec les Rouge du Munster. En battant le week-end dernier les Saracens, Kidney a propulsé sa formation en finale de H Cup pour la quatrième fois en sept participations. Avec un titre européen obtenu en 2006 face au Biarritz olympique, Declan Kidney est devenu une référence en Irlande mais aussi en Europe.
Par le passé, Declan Kidney a déjà pu se mesurer au niveau international. En 1998, il était l'entraîneur de l'équipe d'Irlande championne du monde FIRA qui comptait notamment un certain Brian O'Driscoll dans ses rangs. L'entraîneur du Munster pourra s'appuyer sur l'expérience de ce titre acquis avec les jeunes mais aussi de son passage chez les séniors sous les ordres d'Eddie O'Sullivan. Adjoint de 2002 à 2004 du quinze irlandais, il a pu cotoyer le niveau international. Enfin, Kidney connaît très bien tous les internationaux du pays puisqu'il en cotoie dix-neuf au quotidien mais aussi parce qu'il a été entraîneur de la province du Leinster (2004-2005). Un parcours et un CV parfaits pour le nouveau boss du rugby irlandais qui doit conduire le quinze du trèfle à la prochaine Coupe du monde en 2011.

Rugbyrama - N. A. - 07/05/2008 14:08

http://www.rugbyrama.fr/rugby/test-match/2008/sport_sto1559269.shtml